20 heures d'escale Ă Marrakech đ«
Balade en chameau, quad et dßner-spectacle dans le désert
Il y a longtemps que je rĂȘvais de faire un saut au Maroc, mais vous savez, comme on dit : « un moment donnĂ© ».
LâĂ©tĂ© tirait Ă sa fin et lâautomne avait revĂȘtu son manteau automnal đđđ au QuĂ©bec. Chez Air Transat, lâĂ©tĂ© est la pĂ©riode la plus occupĂ©e, surtout Ă cause du tourisme vers lâEurope, jusquâau 15 octobre. Avant cette date, jâavais fait escale Ă Rome, Barcelone, Bordeaux, Lisbonne, Paris et Marseille. Septembre avait Ă©tĂ© intense, avec un maximum dâheures de vol, et quelques « vols de mise en place » â ces trajets oĂč je prenais un avion dâune autre compagnie aprĂšs mon propre vol de nuit pour continuer vers une autre destination. Par exemple : je travaillais le vol MontrĂ©al-Nantes, j'attendais ensuite trois heures Ă destination, puis je prenais un vol d'Air France pour Paris en tant que passager, et enfin, je repartais le lendemain, opĂ©rant un vol vers MontrĂ©al. Autant vous dire, jâavais « le trou de cul en dessous du bras », une expression quĂ©bĂ©coise qui signifie ĂȘtre Ă©puisĂ©. CâĂ©tait trĂšs dur physiquement, mais toutes ces escales m'avaient apportĂ© de superbes expĂ©riences.
Puis, en octobre, jâai eu un gros trou dans mon planning. Au dĂ©but, jâai paniquĂ©. Jâavais besoin de rentrer de lâargent au bercail. AprĂšs avoir respirĂ© un bon coup, je me suis dit que câĂ©tait en fait une opportunitĂ© encore non manifestĂ©e, et que quelque chose allait arriver. Marrakech est alors apparu dans les dons de vols, exactement lĂ oĂč jâavais un vide Ă combler. Il Ă©tait pour moi, câĂ©tait Ă©crit dans le ciel. Je lâai ajoutĂ© Ă mon horaire, et voilĂ comment lâaventure a commencĂ©. âš
Comme je nâĂ©tais pas en rĂ©serve (sur appel) ce mois-lĂ et que j'avais eu le temps de planifier mes 24 heures lĂ -bas, jâavais rĂ©servĂ© une excursion via Get Your Guide pour moins de 50 $. Elle incluait un tour de quad, une balade Ă dos de chameau au coucher du soleil, et un dĂźner-spectacle dans le dĂ©sert d'Agafay. Une collĂšgue devait ĂȘtre du vol et faire lâexcursion avec moi, mais elle avait dĂ» prendre congĂ© Ă la derniĂšre minute. Je risquais donc fort de me retrouver seule sur ce nouveau continent, dans ce nouveau pays, avec une culture, des mĆurs et un style architectural bien diffĂ©rents de ceux auxquels jâĂ©tais habituĂ©e en Europe. Allais-je y aller quand mĂȘme ? J'avais les quĂ©telles, on va se le dire. Je suis peut-ĂȘtre exploratrice et aventuriĂšre dans lâĂąme, mais je ne suis pas une voyageuse solo. Je trouve cela beaucoup plus apaisant et rassurant de voyager au moins en duo. Tout ne repose pas alors sur ses propres Ă©paules⊠des Ă©paules devenues plus frĂȘles avec le temps.
Je surveillais le groupe de rĂ©serve sur Facebook pour voir qui allait remplacer mon amie Ă la derniĂšre minute. Une agente de bord relativement nouvelle, que jâappellerai Pam, avait Ă©tĂ© appelĂ©e. Je me suis alors empressĂ©e de lui Ă©crire pour lui proposer de mâaccompagner dans lâexcursion. Elle a dit oui. JâĂ©tais heureuse et soulagĂ©e.
Enfin arrivĂ©es Ă destination aprĂšs un transfert Ă Lisbonne, jâavais fait une courte sieste avant de rejoindre Pam dans le lobby de lâhĂŽtel pour aller au guichet et retirer de lâargent local, au cas oĂč. Nous avons vite compris quâil nây avait pas de traversĂ©es de piĂ©tons Ă Marrakech. Tu t'engages sur la route, et les voitures sont censĂ©es s'arrĂȘter pour te laisser passer. CâĂ©tait lĂ©gĂšrement anxiogĂšne pour une premiĂšre fois. Il y avait quand mĂȘme deux voies dans chaque direction. Un genre de boulevard Rosemont Ă MontrĂ©al. AprĂšs quelques tentatives infructueuses et un peu de difficultĂ© Ă trouver notre transport, nous avons finalement embarquĂ© dans le petit van. Ma crainte Ă©tait que Pam nâait pas rĂ©servĂ© la mĂȘme excursion que moi, mais tout Ă©tait parfait. Deux hommes dâenviron mon Ăąge Ă©taient dĂ©jĂ Ă lâintĂ©rieur quand nous sommes montĂ©es, et ça mâa rassurĂ©e. Puis, deux filles d'Angleterre se sont jointes, une famille qui semblait marocaine, une famille de Français, et le compte Ă©tait bon.
AprĂšs environ une heure et demie Ă embarquer tout le monde Ă diffĂ©rents points de dĂ©part et Ă traverser les paysages en direction du dĂ©sert dâAgafay, nous avons fait une pause dans un endroit oĂč nous avons pris le thĂ© et une collation typiquement marocaine. Câest lĂ que nous avons dĂ©couvert comment les femmes fabriquaient lâhuile dâargan, Ă partir du fruit du mĂȘme nom, bien entendu. CâĂ©tait un travail exigeant, mais elles s'y investissaient pleinement, sans relĂąche. Mais ce qui mâa vraiment Ă©merveillĂ©e, câest quand jâai aperçu lâarbre juste prĂšs de moi, sur la terrasse oĂč nous faisions la pause : un grenadier. Dâhabitude, câest dans le rayon des fruits Ă lâĂ©picerie que je vois ce genre de fruit, pas sur un arbre en plein « nulle part ». Câest Ă cet instant prĂ©cis que jâai pris conscience de ce que jâĂ©tais en train de vivre.
LA BALLADE EN QUAD
AprĂšs avoir choisi un casque que sĂ»rement mille personnes avaient portĂ© avant moi, nous sommes montĂ©es sur lâun des engins. Nous Ă©tions toutes les deux sur le mĂȘme, ce qui me rassurait, mais je trouvais ça un peu dĂ©cevant, car disons que la position derriĂšre nâĂ©tait vraiment pas confortable. Les guides, visiblement stressĂ©s, nous avaient donnĂ© un cours de conduite expĂ©ditif, et nous avons pratiquĂ© les virages et les freinages, tous Ă la queue leu leu, pendant environ 15 minutes. Jâavais hĂąte de partir, mais une fois engagĂ©e sur le trajet, jâai vite compris quâil devait y avoir eu plusieurs accidents par le passĂ©, ce qui expliquait pourquoi ils Ă©taient aussi directs et sur les nerfs. Quant Ă moi, je mâamusais. Jâadore conduire.
Le dĂ©sert dâAgafay, ce nâest pas le Sahara, on va se le dire, mais jâapprĂ©ciais quand mĂȘme beaucoup lâexpĂ©rience, mĂȘme si on se suivait tous dans un chemin bien dĂ©fini, et quâil nây avait aucune place Ă lâimprovisation. Donc, si on vous vend le sentiment de libertĂ© Ă vive allure dans les dunes pour 50 $ canadiens, mettez un petit bĂ©mol. Ceci dit, quelle expĂ©rience jâĂ©tais en train de vivre, quand mĂȘme, avec en prime, une bonne dose de poussiĂšre de sable.
Nous avons ensuite attendu pour partir Ă dos de chameau. Ce qui devait ĂȘtre une promenade au coucher du soleil a un peu manquĂ© son objectif : le soleil Ă©tait dĂ©jĂ trop bas, mais câĂ©tait tout de mĂȘme trĂšs beau. Habituellement, dans ce genre dâexcursion, tout est prĂ©vu Ă la minute prĂšs, mais ces organisateurs manquaient un peu de dynamisme, et il y avait beaucoup de touristes. Il faut savoir quâil y avait plusieurs points de ralliement comme celui-ci dans le dĂ©sert et que des dizaines dâexcursions avaient lieu chaque jour. Moi, lâhypersensible, jâavais de la peine pour ces pauvres bĂȘtes, un peu comme les dauphins dans les resorts des CaraĂŻbes.
Dans notre groupe, il y avait le petit garçon de quatre ans le plus mignon et le plus drĂŽle du monde. Son papa Ă©tait aussi trĂšs agrĂ©able Ă regarder, mais le petit, dans toute son innocence, me faisait craquer. Vous lâentendez dans la vidĂ©o ci-dessous.
Câest quand mĂȘme surprenant quand un chameau se lĂšve et que tu es sur son dos, encore plus quand il se couche. Câest un peu comme quand tu es en haut dâune montagne russe, le nez vers le bas, et que la descente s'apprĂȘte Ă commencer. Leurs genoux sont durs, comme de la peau callusĂ©e, car ils sont constamment en contact avec le sol. CâĂ©tait fascinant Ă observer. Il y avait aussi des dromadaires, et honnĂȘtement, je ne sais mĂȘme pas sur quoi je suis montĂ©e, mais je peine Ă imaginer que ce soit sur la bosse dâun dromadaire, ce qui me laisse penser que câĂ©tait un chameau. Je trouve que ça fait plus exotique ainsi.
La balade a Ă©tĂ© trĂšs brĂšve, mais jâen ai savourĂ© chaque instant. Pam sâĂ©tait achetĂ© un foulard, mais jâavais passĂ© mon tour pour Ă©conomiser 10 euros, le soleil Ă©tant pratiquement couchĂ©. JâĂ©tais fatiguĂ©e. On le voit trĂšs bien sur mon visage, dans la version en pleine rĂ©solution de la photo qui se trouve dans le coin infĂ©rieur droit, mais j'avais le cĆur tellement joyeux.
P.S. Jâai plein de taches brunes sur le visage lâĂ©tĂ© Ă cause du soleil, et ça paraĂźt encore plus marquĂ© avec le cellulaire. Je dĂ©teste ça, mais je voulais quand mĂȘme vous partager cette courte vidĂ©o. Merci pour votre Ă©coute! đ
Tout au long de la promenade, jâai gratouillĂ© le nez du chameau de ma collĂšgue. Je voulais leur donner le plus dâamour possible pendant les quelques instants que jâĂ©tais lĂ . Jâavais de la peine pour eux. La corde tire parfois fort quand lâun dâeux sâarrĂȘte. Ăa donne un bon coup, et ça ne doit pas leur faire du bien, mais bon, ils nâavaient pas lâair maltraitĂ©s, et câĂ©tait lâessentiel.
AprĂšs la ballade, nous nous sommes dirigĂ©s vers lâespace extĂ©rieur oĂč le repas allait ĂȘtre servi. Un spectacle de feu et de la musique Ă©taient prĂ©vus. Autant dire que ce fut la mĂȘme chanson presque toute la soirĂ©e, mais adaptĂ©e Ă chaque personne qui avait lâhonneur de la voir lui ĂȘtre adressĂ©e. Le repas Ă©tait dĂ©licieux, comprenant entre autres de la tagine et quelques morceaux de poulet, mais jâen aurais mangĂ© le double. Dans le dĂ©sert, il y avait plein de chiens, et au souper, nous avons eu la visite de chats. JâĂ©tais affamĂ©e, et on commençait vraiment Ă cogner des clous, avec raison. Nous Ă©tions prĂȘtes Ă rentrer.
Le spectacle de feu Ă©tait bref, pour mon plus grand plaisir. On avait quand mĂȘme plus dâune heure de route Ă faire, et on travaillait le lendemain matin, mais câĂ©tait vraiment impressionnant. On pouvait voir au loin, dans le dĂ©sert, dâautres spots Ă©clairĂ©s par les flammes qui jaillissaient dans les airs. CâĂ©tait une soirĂ©e de pleine lune. Elle Ă©tait Ă couper le souffle. CâĂ©tait magnifique.
Nous avons traversĂ© la ville de Marrakech pour revenir Ă lâhĂŽtel, et jâai Ă©tĂ© surprise de voir Ă quel point elle est animĂ©e. Marrakech est vraiment une ville qui ne dort jamais, surtout le soir. On y trouve de tout : des bars branchĂ©s, des clubs de danse, des lounges et mĂȘme des rooftops offrant des vues imprenables sur la mĂ©dina. Il y a de la sĂ©curitĂ© Ă lâentrĂ©e de plusieurs clubs, restaurants et bĂątiments, et notre hĂŽtel nây faisait pas exception. Il y avait mĂȘme un dĂ©tecteur, comme Ă lâaĂ©roport.
Parlant de lâaĂ©roport, armez-vous de patience quand vous sortirez du pays, car il y a plusieurs Ă©tapes de sĂ©curitĂ©, et cela commence dĂšs la porte dâentrĂ©e oĂč les bagages sont scannĂ©s. JâĂ©tais vraiment contente de vivre cette expĂ©rience en tant quâĂ©quipage pour la premiĂšre fois. CâĂ©tait beaucoup plus lĂ©ger. Nous Ă©tions escortĂ©s dans lâaĂ©roport et avions un accĂšs VIP au point de sĂ©curitĂ©.
Moi qui avais envisagĂ© de visiter le Maroc quelques jours avec mon ami en novembre, je me suis dit quâun minimum dâune semaine Ă©tait nĂ©cessaire pour naviguer dans toute cette complexitĂ© douaniĂšre. De toute façon, aprĂšs lâĂ©tĂ© que jâavais eu, je n'avais plus du tout envie dâĂȘtre dans mes valises et de voyager. Ce serait pour un autre moment.
Dâailleurs, jâavais appris juste avant de partir que jâĂ©tais mise Ă pied, comme plusieurs collĂšgues, Ă partir du 1er novembre. Ăa mâavait beaucoup Ă©branlĂ©e, mais cela mâa aussi permis de profiter encore plus de lâexpĂ©rience, comme si câĂ©tait la derniĂšre. Finalement, la mise Ă pied nâaura Ă©tĂ© que de deux mois et, au moment oĂč jâĂ©cris cet article, je suis de retour en service, pour lâinstant du moins.
Dans tout ce que jâai vĂ©cu au Maroc, ce qui a le plus captĂ© mes sens, ce sont les odeurs, omniprĂ©sentes partout. Un mĂ©lange de parfums, dâĂ©pices, dâencens, de jasmin et de bois exotiques. Juste en marchant dans lâaĂ©roport, on a lâimpression de traverser des nuages dâarĂŽmes. Je marchais le nez en lâair en humant. Chaque pas me semblait ĂȘtre une invitation Ă une expĂ©rience olfactive. Mais pour vraiment la vivre, il faut y ĂȘtre prĂ©sent, et se laisser imprĂ©gner par ces effluves.
Cher Maroc, nous nous reverrons trĂšs bientĂŽt. Sois-en certain !
Marie đȘ
Faites voyager cette histoire âïž
đ Abonnez-vous, si ce nâest dĂ©jĂ fait, et visitez linktr.ee/marieevelamontagne pour en savoir plus sur moi.
đ± Visitez @marieetsesperipeties sur Instagram.
â€ïž Soutenez le blog en offrant une contribution via Paypal. Merci!
đ Partagez des commentaires ou votre expĂ©rience de lecture. â